dimanche 29 novembre 2015

L'Océan des Âmes

Après avoir été aspirés par les ténèbres, nos deux amis ne ressentent plus rien pendant quelques secondes ; puis ils ont l'impression de flotter, comme s'ils étaient sous l'eau, et petit à petit des points lumineux commencent à apparaître autour d'eux à mesure qu'ils retrouvent l'usage de leurs sens : L'endroit dans lequel ils se trouvent ressemble énormément à l'espace illuminé d'étoiles, jusque dans la sensation d'apesanteur ; sauf qu'ici nul besoin de scaphandre pour pallier au manque d'oxygène et les protéger du froid du vide intersidéral !

Les ronces de Tellus relâchent leur étreinte autour de Corinne : Les blessures subies par la Déesse sont bien trop importantes pour pouvoir être soignées, même en exploitant le pouvoir de guérison de son Ombre ! Une fois le lien définitivement rompu, elle dérive dans l'espace et se désintègre lentement en particules de lumière blanche qui finissent par se confondre avec les autres étoiles. Et c'est ainsi que Tellus disparaît à jamais.

Adonis demande à Corinne si elle a une idée de l'endroit dans lequel ils se trouvent.
« Nous sommes dans l'Océan des Âmes : C'est d'ici qu'émergent toutes les âmes, et c'est ici qu'elles retournent après la mort. Tous les être humains sont reliés par cet endroit, qui fait partie de l'Inconscient Collectif, au même titre que le Monde des Ombres. »
« OK. Et comment on fait pour revenir dans notre monde ? »
« ... »
Le silence de Corinne inquiète Adonis : « Allez, il doit bien y avoir un moyen, non ? » 
« Seules les âmes sont censées quitter cet endroit. Donc à priori mourir et se réincarner me semble être la seule façon de revenir dans le monde réel. »
« Ce n'est pas trop la réponse que j'espérais. Bon, explorons les lieux, on va peut-être finir par trouver une solution... »

Afin de ne pas être séparés, ils continuent à se tenir par la main. Après avoir dérivé de longues minutes, ils finissent par apercevoir au loin quelque chose qui ne ressemble pas à une étoile ; l'espoir d'Adonis grandit à mesure qu'il s'en approche : Il s'agit d'une grande porte dorée, avec ce qui semble être la statue d'une jeune homme enchaîné dessus.
« Regarde Corinne : Une porte ! On va pouvoir quitter cet endroit ! Il suffit juste de détruire cette statue... » 
 Mais la jeune fille brise aussitôt ses illusions : « Je ne pense pas que cette porte mène vers la sortie. En fait, j'ai plutôt l'impression que cette statue est un sceau qui est là pour empêcher quelque chose de terrible d'accéder à l'Océan ; tu ne ressens pas cette présence oppressante ? »
Adonis est obligé de se rendre à l'évidence : Maintenant qu'il s'est approché de la porte, il ne fait aucun doute qu'un grand danger se terre de l'autre côté ; il sent ses Personas s'agiter dans son cœur en réaction à la menace, tout comme elles l'avaient fait lors de son dernier combat : Quoi qu'il y ait derrière la porte, c'est au moins aussi puissant que Tellus... et peut-être même plus !!!

Adonis et Corinne s'éloignent du sceau et continuent à dériver dans l'Océan des Âmes ; le temps passe, et rien de nouveau ne croise leur route. Alors que tout espoir semble perdu, Adonis remarque qu'une étoile brille beaucoup plus que les autres. Et c'est alors qu'une voix familière retentit :
« Adonis... »
« Jackson ?! »
La voix semble émaner de cette étoile lointaine ; Corinne l'a entendue, elle aussi.
Rassuré quant au fait qu'il ne vient pas de perdre la raison, Adonis reprend : « Jackson ? Pourquoi est-ce que tu es dans l'Océan des Âmes ? Est-ce que tu es... mort ? »
Ignorant ses questions, la voix de Jackson poursuit : « Tu es la personne que j'admire le plus au monde ! Non seulement tu es un professeur génial, mais en plus tu m'as sauvé la vie : Si tu n'avais pas été là pour m'en empêcher, j'aurais accompli ma vengeance et tué l'assassin de mes parents. J'aurais regretté ce geste toute ma vie. Je te dois tant. C'est pourquoi tu ne dois pas disparaître ! »
À ces mots, une force incroyable l'attirent lui et Corinne vers l'étoile à une vitesse phénoménale ; c'est comme si Jackson l'avait pris par la main et le tirait vers lui !
Alors qu'ils sont tout proches d'elle, l'étoile disparaît ; une nouvelle étoile, plus éloignée, émet à son tour un puissant scintillement, et une nouvelle voix - celle d'Aymé - retentit : Tout comme Jackson, Aymé rappelle à Adonis à quel point il l'a aidé, avant d'entraîner les deux égarés en direction de l'astre lumineux, ce dernier disparaissant lui aussi au moment où ils terminent leur course.

Les deux amis sont ainsi attirés d'étoile en étoile, guidés par toutes les personnes avec qui Adonis a su créer un lien indestructible (c'est-à-dire celles avec qui il a établi un Lien Social au rang maximal) ; toutes, y compris nous, ses compagnons d'armes (alors qu'en réalité pendant ce temps nous sommes toujours dans la salle du combat contre Tellus, en train de chercher à comprendre où ils sont passés et comment les ramener à nous) ! Il semblerait qu'au moment où ils ont entendu ma voix, j'aurais dit quelque chose du genre : « Ne meurs pas Adonis ! Si tu n'es plus là, qui m'offrira des crêpes au foie gras et à la figue ?! Et tu m'avais promis que mon groupe pourrait donner un concert à la fac à la fin du mois prochain ! »

La dernière voix qu'ils entendent est celle de Lisbeth, qui se montre tout aussi intéressée que moi (« Je veux que tu m'offres d'autres churros ! ») ; Adonis et Corinne sont alors attirés vers une dernière étoile, qui disparaît en laissant place à une carte de tarot : L'arcane du Monde !
En touchant la carte, Adonis sent qu'il vient d'accéder à un immense pouvoir, le pouvoir de reconstruire le Monde que Tellus a cherché à détruire ; il sent que grâce à cette carte il est capable d'accomplir des miracles... et le premier d'entre eux, c'est de retourner auprès des siens !

***

Cela doit bien faire 5 minutes que Corinne et Adonis ont été engloutis par les ténèbres ; il nous reste encore du temps avant la fin de l'heure qui nous a été accordée pour notre combat. Mais du temps pour quoi ? Comment faire pour retrouver nos amis - en supposant qu'ils sont toujours en vie - ?!

Comme si l'ambiance n'était pas suffisamment pourrie, voilà qu'Ethan en rajoute une couche : « Ils ont disparu avec Tellus. Même si on savait comment les ramener, est-ce que l'on peut se permettre de prendre le risque que Tellus revienne dans la foulée ? Risquer le sort de l'Humanité toute entière pour seulement deux personnes, dont une qui n'est même pas humaine ? »
Julia devient rouge de colère : « Comment peux-tu dire ça ?! Ce sont nos amis ! »
« Je ne fais qu'analyser froidement la situation. Bien sûr que j'aimerais trouver un moyen de les ramener à nous. Mais il ne faut pas négliger les risques, l'enjeu est bien trop important pour que l'on se permette d'ignorer les conséquences de nos actes ! »
Jean-Michel essaie de calmer le jeu : « Je comprends ce que tu veux dire, et tu as probablement raison, mais ta façon de présenter les choses n'est pas cool, surtout quand tu mets en avant le fait que Corinne n'est pas humaine : Même si c'est une Ombre, elle compte autant à mes yeux qu'une vraie personne ! Enfin bon, de toute façon, la question ne se pose même pas, vu qu'on n'a aucune idée de comment les sauver... »

C'est alors qu'un cercle de lumière apparaît au centre de la salle, à l'endroit même où se trouvait la flaque noire quelques minutes plus tôt ! Et voilà qu'Adonis et Corinne en émergent dans une colonne de lumière !
Nous nous précipitons vers nos amis et nous assurons qu'ils vont bien ; visiblement le temps s'est écoulé différemment dans l'endroit où ils se trouvaient, pour nous ce n'était que 5 minutes mais pour eux ça a duré plusieurs heures.
Adonis nous parle de l'Océan des Âmes, de la destruction de Tellus, et de comment ils ont réussi à revenir en partie grâce à nous et la force du lien qui nous unit (alors même que nous nous sentions totalement impuissants !). Et grâce à l'arcane du Monde, qui lui a donné les pouvoirs d'un Dieu.
« Quoi ? Toi, un Dieu ?! Eh bien, on est pas dans la merde... » fait remarquer avec humour Jean-Michel. Nous éclatons tous de rire, Adonis y compris.

« Et donc, on peut la voir, cette fameuse carte ? »
Adonis ouvre la paume de sa main droite, et un rectangle lumineux se matérialise au-dessus de la surface ; puis la lumière s'atténue, dévoilant l'illustration de l'arcane. C'est alors que le décor change brusquement et que nous nous retrouvons à l'intérieur d'une sorte de kiosque à musique (plus précisément : un temple circulaire) ; derrière les colonnes dorées, une immensité sombre, comme si le bâtiment flottait dans le vide ; le sol consiste en un damier noir et blanc, avec au centre une grande dalle circulaire ornée d'un papillon ; et, se tenant debout sur cette dalle, un homme masqué.
Philemon !

« Où sommes-nous ?! »
Je me retourne, et réalise que Samir est aussi parmi nous. Philemon répond à sa question : « Vous êtes ici dans mon domaine. Je tenais à vous féliciter en personne pour votre victoire : Maintenant que Tellus a été vaincue, son influence va progressivement s'estomper de votre Monde et la prolifération incontrôlée de la végétation va cesser ; d'ici quelques jours, tout sera redevenu comme avant. Sauf si... »
Sauf si ?!

Philemon se tourne vers Adonis : « Possesseur de l'Arcane Ultime ! Tu as désormais en toi le pouvoir de remodeler le Monde selon ton désir. Un Monde qui pourra être différent de celui que vous avez connu jusqu'à présent, mais qui sera tout aussi éphémère que le précédent : Il pourra lui aussi être détruit par une incarnation de l'Inconscient Collectif telle que Tellus, et être remodelé par un autre humain qui aura lui aussi maîtrisé le vrai pouvoir des Liens. 
Ou bien tu peux décider de laisser votre Monde inchangé, et utiliser ce pouvoir pour réaliser un autre genre de miracle : Rendre votre amie Corinne humaine ! »
Tous nos regards se braquent sur Adonis. Quel va être son choix ?

« Le Monde dans lequel nous vivons me convient tel qu'il est ; après tout, je n'ai aucune raison de me plaindre de ma vie : Je suis beau et en pleine forme ; je fais un travail pas très fatigant, bien payé, et qui me laisse plein de temps libre pour assouvir ma passion pour l'écriture ; ma carrière d'écrivain commence à décoller et s'annonce prometteuse ; je suis marié à un top model super canon, et nous avons un fils adorable que nous pouvons confier aux grands-parents à chaque fois que nous avons envie de sortir en amoureux. Que demander de plus ? »
Il se tourne vers Corinne : « Je t'ai fait une promesse, celle de te sauver, et je compte bien la tenir : Je vais te sauver de ta condition de déesse inutile ! »
Il brandit l'arcane du Monde dans la direction de notre amie ; la carte émet une lumière aveuglante avant de disparaître, et Corinne retrouve l'apparence que nous lui connaissons tous : Cheveux mi-longs, lunettes sur le nez, et à la place de la robe plissée blanche, un jean délavé et un t-shirt à l'effigie d'un personnage de dessin animé japonais.
« Merci. Merci de tout cœur ! »
Elle se jette à son cou et verse quelques larmes de joie. Puis elle se tourne vers nous et nous remercie aussi pour tout ce que nous avons fait pour elle.

Satisfait du choix d'Adonis, Philemon nous dit adieu et nous renvoie à l'entrée de la Cité Souterraine, devant la porte de la Velvet Room.
« On en est où du temps ? » s'inquiète Ethan.
Les appareils électriques ne fonctionnent pas dans ce monde, mais il existe d'autres façons de savoir l'heure : Alain invoque les Nornes (une Persona ayant l'apparence d'une pendule entourée de trois femmes ailées) et nous apprend qu'il s'est écoulé un peu plus de trois quarts d'heure depuis qu'Igor nous a conduit ici.
« Parfait ! Dans ce cas, pas d'inquiétude à avoir. Rentrons chez nous. »

Rentrer chez nous... Je réalise enfin que toute cette aventure est réellement finie : Nous avons gagné, le Monde est sauvé, et nous sommes tous en vie ! Je pousse un soupir de soulagement, et je sens toute la tension qui habitait mon corps s'évanouir d'un coup.

La porte en bois s'ouvre, et nous sommes happées par une lumière bleutée.
« Bienvenue dans la Velvet Room. Votre voyage est arrivé à son terme. 
Je suis ravi de voir que vous avez réussi à tenir votre promesse. Vous avez vraiment été des Invités remarquables ! 
Vous n'aurez désormais plus besoin de notre assistance... du moins, pour le moment ! Qui sait ce que l'avenir vous réserve ? Peut-être serez-vous amenés un jour à faire une nouvelle promesse qui vous ouvrira à nouveau les portes de cette salle... Si tel est le cas, je serai ravi de vous assister une nouvelle fois dans votre tâche. 
En attendant que ce jour arrive – ou pas –, je vous dis adieu. » 
« Portez-vous bien, et merci pour tout ! » conclut Lisbeth avant que nous soyons renvoyés dans notre monde.

De retour sur la place du Capitole, nous constatons que le Gourou n'est plus là. Néanmoins sa disparition subite ne semble pas paniquer ni les membres de la Secte ni les passants : C'est comme s'il avait été totalement effacé de leur mémoire ! D'ailleurs les adorateurs de Tellus sont visiblement en train de reprendre leurs esprits et se demandent ce qu'ils font là dans un tel accoutrement, un peu comme s'ils sortaient d'un état d'hypnose.
Nous nous réjouissons de constater que Nyarlathotep semble avoir accepté la défaite et que tout est en train de redevenir comme avant.

Après avoir raccompagné Corinne à son hôtel, nous rentrons tous chacun de notre côté pour nous reposer un peu.
Nous nous retrouvons quelques heures plus tard en centre-ville afin de fêter notre victoire dans un restaurant.
C'est au cours de cette soirée que je réalise à quel point notre groupe est soudé, et ce malgré nos différences et nos différends : Ethan et Samir ont renoué le dialogue depuis quelques semaines et semblent désormais plus proches que jamais ; Jean-Michel a cessé de draguer tout ce qui bouge, ce qui permet à Julia et à Corinne de manger assises à côté de lui sans avoir besoin d'être sur la défensive ; et même Adonis semble avoir pardonné à Alain son implication dans les enlèvements et parle archéologie avec lui comme si de rien n'était ! De vrais liens se sont formés entre nous et je sais que, quoi que l'avenir nous réserve, tant que j'aurai des amis aussi formidables, tout ne pourra que bien se passer.

Après tout, c'est bien grâce à ces liens que l'on a pu sauver le Monde ! ;)

FIN

dimanche 15 novembre 2015

Le combat final

Adonis propose que l'on descende tous, Samir y compris : C'est l'affrontement final, autant lancer toutes nos forces dans la bataille ! Jean-Michel désapprouve cette idée et met en avant le fait qu'il nous reste encore 15 jours d'ici la Fin du Monde ; si les choses tournent mal, il vaut mieux pouvoir fuir et remettre le combat à plus tard avec une meilleure stratégie plutôt que de périr aujourd'hui faute de préparation. Samir décide donc de rester en haut des escaliers afin de nous guider.

Nous descendons les marches pendant de longues minutes. Nous nous retrouvons dans une salle sphérique dont les parois sont constituées de racines entrelacées.
Au centre de la salle se trouve une créature haute d'environ 6 mètres ayant l'apparence d'un arbre à deux troncs surmontés chacun par un buste de femme ; une robe blanche recouvre le haut de leur corps, avant de se transformer en dessous de la taille en un long ruban de tissu enroulé le long du tronc.
  • L'écorce du tronc de droite est sombre et desséchée, et les cheveux en bataille de la femme qui le termine ont la couleur des feuilles mortes ; des ronces brunes dépassent de sa chevelure et ondulent comme des tentacules ; 
  • L'écorce du tronc de gauche est plus claire, et des branches ornées de feuilles d'un vert éclatant poussent ça et là ; malgré l'absence de lunettes et la longueur inhabituelle de ses cheveux blonds, nous reconnaissons sans problème le visage empli de tristesse de la jeune femme : Il s'agit de Corinne ! 
Adonis propose que nous retournions à la maison afin de prendre du désherbant. Ce trait d'humour attire l'attention de la Déesse, qui tourne aussitôt la tête dans notre direction.
« Voici donc ces fameux amis dont tu m'as parlés. Nous vous attendions. Je suis Tellus, la Déesse-Mère, votre Souveraine. » 
Les yeux de Cérès sont embrumés de larmes : « Je suis désolée, je n'ai pas réussi à la stopper. Je vous en prie, empêchez-la de détruire le Monde ! »
« Pauvre sotte ! Détruire cette Humanité nuisible qui aspire à sa propre destruction, ce n'est pas la même chose que détruire le Monde : La planète et les espèces animales et végétales continueront à vivre après l'extermination des humains, c'est même la seule solution pour garantir leur existence. »
« C'est toi qui ne comprends pas : Sans les humains, le Monde n'est plus le Monde ! J'ai conscience de tout le mal qu'ils font à la planète et aux autres espèces, mais je sais aussi qu'ils sont capables de choses merveilleuses et qu'ils sont suffisamment évolués pour trouver un jour un moyen de vivre sans nuire à la planète. » 
« Dans combien de temps ? Et combien d'espèces vont-ils encore éliminer avant d'y parvenir ? De toute façon à part toi et ton petit groupe d'amis, plus personne ne croit qu'une telle cohabitation soit possible ! Il faut vous rendre à l'évidence : L'Humanité souhaite sa propre disparition, vous devez vous plier à la volonté de la majorité ! Soyez les premiers à recevoir la bénédiction de la Déesse-Mère : Adieu ! »
« Nooooooon !!! »
Mais la protestation de Cérès est inutile : Tellus est déjà en train de lancer le sort Mamudoon contre nous ! Par chance, nous parvenons tous à encaisser cette attaque sans subir de pertes (nos homoncules n'ont même pas eu besoin de se sacrifier pour nous sauver la vie).
Ça y est, le combat final a commencé !

Nous nous lançons à l'assaut de Tellus et parvenons à la blesser un peu avant qu'elle n'ait le temps de déployer ses ronces ; je réussis à les esquiver, mais Alain n'a pas cette chance ; pendant qu'Ethan le libère de ses entraves, Cérès lance un sort de guérison sur l'autre partie de l'arbre.
« Quoi ?! Elle soigne Tellus ? Mais alors, c'est notre ennemie ? »
Non, ce n'est pas possible ! Il y a encore quelques instants, elle nous a supplié d'arrêter son double ! Tellus doit probablement la contrôler...
La Déesse profite de notre étonnement pour lancer une nouvelle offensive et parvient à blesser la plupart d'entre nous. Les dégâts ne sont pas trop importants, mais suffisants pour que Jean-Michel se retrouve par terre. Il tourne sa tête en direction de Cérès et la supplie de nous aider. Notre amie réussit l'espace d'un instant à échapper à l'emprise de Tellus et lance un nouveau sort de soin, mais sur nous cette fois-ci.
« Je suis désolée, c'est tout ce que je peux faire pour vous aider... »

Ceux qui doutaient encore de Cérès réalisent qu'elle est toujours de notre côté, mais que Tellus la contrôle afin de bénéficier de ses pouvoirs de guérison. Le combat se poursuit, avec notre amie qui soigne indifféremment les membres des deux camps. Au bout d'une dizaine de minutes, Samir nous annonce que nos assauts ont tellement affaibli Tellus que notre prochaine attaque pourrait bien nous faire remporter le combat. Mais avant même que nous ayons eu le temps de donner le coup de grâce, voilà que notre ennemie est intégralement soignée par une Cérès totalement désemparée !
C'est pas vrai ! Dire que nous étions si proches de la victoire ! 

« Si ce combat continue à s'éterniser, les choses vont finir par tourner en notre défaveur ! » nous fait remarquer Ethan.
Il a raison : Nous sommes trop nombreux pour que Corinne puisse soigner notre groupe aussi efficacement qu'elle soigne Tellus ; et, déjà que nous avons du mal à blesser la Déesse suffisamment vite entre deux sorts de guérison malgré notre supériorité numérique, ça sera encore plus compliqué quand certains d'entre nous ne seront plus en mesure de se battre et que notre force de frappe aura diminué !
Si seulement on pouvait empêcher Cérès d'agir... Mais je ne vois pas comment, autrement qu'en lui faisant du mal... ce qui est absolument HORS DE QUESTION !

« Il n'y aurait pas un moyen de séparer les deux Déesses ? » se demande Jean-Michel.
« Attendez, je vais essayer quelque chose... »
Sans trop y croire, Julia lance un sort de Feu sur la base commune de l'arbre ; à la surprise générale, cette tentative réussit à entamer le lien qui unit Cérès à Tellus ! Nous décidons donc de concentrer nos attaques sur la blessure que les flammes ont infligée au tronc et, après quelques coups, c'est Adonis qui parvient finalement à détacher notre amie !
La partie gauche de l'arbre s'écroule et, une fois au sol, reprend une apparence humaine ; nous sommes soulagés de constater que son corps ne présente aucune blessure apparente (malgré le fait que nous l'ayons brûlée et coupée afin de la séparer de Tellus !).

Alors que Corinne est en train de se relever, je remarque que notre ennemie est sur le point de déployer ses ronces afin de la capturer à nouveau.
« Attention ! »
Je me précipite vers elle, mais Alain se montre plus rapide que moi et invoque sa Persona afin de protéger notre amie ; non seulement la Lame Céleste de Lancelot parvient à découper la menace, mais en plus elle inflige une sérieuse blessure sur le ventre de bois mort de Tellus, qui ne s'attendait pas à être touchée elle aussi par cette attaque !
C'est le moment ! Il ne faut pas laisser passer une telle chance !
« Elle est déstabilisée ! C'est le moment de foncer dans le tas ! Chaaaargez !!! »
Nous partons tous à l'assaut de la Déesse, qui n'a même pas le temps de réagir. Nous la frappons à multiples reprises de toutes nos forces. Et, soudain, son corps bascule en arrière ! C'est alors que je réalise que nous venons de la déraciner et qu'elle est en train de tomber !

Le sol tremble au moment de l'impact, comme ça avait été le cas lors de la chute de Cérès. Et nous voyons le corps de Tellus commencer à se désintégrer tandis qu'il s'enfonce lentement dans la flaque noire qui vient de se former juste en dessous.
Nous avons réussi ! Nous avons vaincu Tellus !!!

Mais notre joie est de courte durée : Dans un ultime élan désespéré, notre ennemie déploie une dernière fois ses ronces et parvient à capturer Corinne !
Nous invoquons nos Personas afin d'empêcher Tellus d'entrainer notre amie dans sa chute, mais elles ont beau trancher, brûler ou geler les ronces, ces dernières repoussent aussitôt !
« C'est le pouvoir de guérison de Corinne ! Tellus a réussi à rétablir un lien avec elle ! » nous annonce Samir par télépathie.

Réalisant que nous ne pourrons pas détruire les ronces, Adonis se précipite vers Corinne et l'attrape par la main afin de la retenir. Mais il n'est pas assez fort pour l'éloigner de la flaque noire, et ils commencent tous les deux à s'en rapprocher dangereusement...
« Il faut l'aider ! »
Jean-Michel se précipite à son tour et attrape l'autre main d'Adonis ; je le talonne de peu et complète la chaîne humaine : « Jean-Michel ! Ta main ! »
Julia hésite un instant, puis finit par attraper la mienne tandis que Tellus sombre totalement dans les limbes : Désormais seules les ronces émergent encore, mais malgré cela elles n'ont pas pour autant lâché prise et continuent à nous attirer vers la flaque noire ! Quant à celles qui n'ont pas agrippé Corinne, elles se mettent à s'agiter dans tous les sens, comme agitées par des spasmes de douleur. Leur mouvement est totalement erratique, et soudain l'une d'elles percute violemment Jean-Michel, lui faisant lâcher la main d'Adonis !

Débarrassées de notre contrepoids, les ronces qui entravaient Corinne parviennent à l'attirer, elle et Adonis, au sein de la flaque noire par laquelle ils finissent par être engloutis.
Nous crions leurs prénoms, mais n'obtenons aucune réponse. Totalement impuissants, nous voyons la flaque se rétrécir au point de finalement disparaître : Le passage s'est refermé, et Samir ne parvient plus à ressentir leur présence désormais.

« Ils ont... disparu ?! »
« Non, ce n'est pas possible ! Dire qu'on avait vaincu Tellus ! »
« Corinne... Adonis.... C'est tellement injuste ! »
« Tout est de ma faute. Si je n'avais pas lâché sa main... »
« Tu n'y es pour rien ! Personne n'aurait pu encaisser un tel coup sans broncher ! »

Je n'arrive pas à détacher le regard du centre désespérément vide de la pièce. Ma vision se trouble à mesure que les larmes me montent aux yeux.
Corinne... Adonis... Où êtes-vous ? Est-ce que vous êtes encore en vie ?