dimanche 14 juin 2015

Saturnus

Le Romain s'adresse aussitôt à nous, sans même accorder un seul regard à son serviteur : « Vous pensez avoir remporté une victoire en démasquant et en vainquant l'Élu ? Mais quoi que vous fassiez, vous ne pourrez pas empêcher le réveil de la Déesse ; vous avez peut-être fait tomber un pion, mais la partie est déjà terminée : Il y aura encore des sacrifices à la prochaine Pleine Lune, et la suivante verra l'avènement de la Déesse. »

Quelque chose nous interpelle tous : Cet homme masqué... nous avons l'impression de le connaître !
Ça ne nous avait pas frappé les fois précédentes, mais sa voix - bien que déformée - nous est familière... C'est une voix que nous avons entendue récemment...
...
Mais bien sûr ! Comment je n'y ai pas pensé plus tôt ?! À chaque fois qu'un être humain se rend dans ce Monde pour la première fois, il se passe quelque chose de particulier... Quelque chose qui nous est arrivés, à mes camarades et moi, mais qui est aussi arrivé aux victimes...

Je n'ai même pas le temps de faire part de ma découverte à mes coéquipiers qu'Adonis me devance en disant à haute voix ce que j'étais sur le point de leur révéler par télépathie : « C'est l'Ombre d'Alain ! »

Le Romain retire son masque et confirme ses dires ; le vrai Alain, lui, est stupéfait par cette révélation : N'étant pas habitué à entendre sa propre voix, il ne s'est pas douté une seule seconde que celui qu'il a pris pour un Dieu était sa propre Ombre !

« La fin du monde est proche. Et c'est nous, les humains, qui allons la provoquer. Pollution, réchauffement climatique, déforestation, OGM... Nous sommes responsables de l'extinction d'innombrables espèces animales et végétales, et si nous ne faisons rien pour changer, ce sera bientôt notre tour. Mais je suis réaliste : Nous ne ferons rien pour changer ! 
L'Humanité est condamnée, et le pire dans tout ça c'est que nous allons entraîner la planète entière dans notre chute. Peut-être vaudrait-il mieux que nous disparaissions maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Après tout, nous sommes déjà condamnés, alors autant mourir maintenant afin de limiter les pertes pour la planète. 
Voilà ce que je pense au fond de moi. C'est pour ça que je suis persuadé que la fresque que j'ai restaurée représente la vengeance de la déesse Tellus. 
Et puis un soir alors que je prenais le métro je me suis retrouvé dans un autre Monde : Un Monde qui ressemble au mien, mais peuplé de créatures malveillantes. Et, à ma grande surprise, j'ai réussi à éveiller un pouvoir insoupçonné, le pouvoir de ma Persona. Grâce à elle j'ai pu venir à bout de ces créatures. Et c'est alors que je l'ai rencontré : Il est lentement descendu du ciel dans un faisceau de lumière. Un tel pouvoir, une telle prestance : Ça ne fait aucun doute, cet homme masqué est un Dieu ! Et pas n'importe quel Dieu : Saturnus, le fils de la déesse Tellus, celle-là même qui est représentée sur la fresque sur laquelle je travaille depuis des mois. Et voilà que ce Dieu m'apprend que je suis l'Élu, et qu'il a besoin de mon aide pour sauver la planète ! Comment pourrais-je refuser de servir une telle divinité ? Non seulement elle fait de moi quelqu'un de spécial, moi qui ai toujours été affligeant de banalité, mais en plus nous partageons le même idéal ! »

Le ton de l'Ombre change : « Pauvre idiot ! Tu crois vraiment que tu mérites d'être un Élu ? Tu n'es qu'un humain insignifiant parmi tant d'autres, un de ces humains qui détruit la planète et que tu souhaites en ton for intérieur voir mourir. 
Mon but d'origine était de te tourmenter et de te pousser soit à m'accepter, soit à me rejeter. C'est ce que font les Ombres quand elles sont confrontées à leur original. Mais quand j'ai compris que tu me prenais pour un Dieu, j'ai décidé de profiter de la situation : Je suis Toi, je connais tous tes désirs, il était donc facile pour moi de te manipuler en te promettant un monde idéal qui correspondait exactement à celui auquel tu aspires. Et, comme je suis Toi, ces désirs sont aussi les miens. La seule différence, c'est que moi je ne suis pas entravé par toutes ces barrières morales à la con qui t'ont toujours empêché d'agir : Moi je ne me contente pas de souhaiter la fin de l'Humanité, je suis prêt à la provoquer des mes propres mains s'il le faut ! 
Sauf que je n'aurai pas besoin d'aller jusque là : C'est la Déesse Tellus qui s'en chargera. Et le plus drôle dans tout ça, c'est qu'elle le fera parce que c'est ce que l'Humanité souhaite au plus profond d'elle-même ! »

Le souhait de l'Humanité ? N'importe quoi !

Mes camarades protestent, mais Saturnus les ignore et poursuit ses révélations : « Tu te souviens quand j'ai recouvert ce Monde de végétation ? Je t'ai dit que c'est parce que ta présence, en tant qu'Élu, avait redonné des forces à Tellus... En réalité c'est à ce moment-là que j'ai créé Tellus de toutes pièces ! »
« Comment ça, "créé" ? »
« Tu n'es pas le seul à penser que la Terre est fichue, que les humains sont responsables de sa destruction programmée, et qu'ils méritent de mourir.
Ce Monde, le Monde des Ombres... Il s'agit de l'Inconscient Collectif. C'est ici que les pensées refoulées des êtres humains s'incarnent sous la forme d'Ombres. Et quand des pensées similaires entrent en résonance, elles s'assemblent et donnent naissance à une Ombre encore plus grande.
Tout ce que j'ai eu à faire, c'est réunir des Ombres qui avaient la même vision pessimiste de l'avenir de la planète que nous. C'est comme ça que j'ai créé Tellus.
Mais pour faire d'elle une Déesse capable de détruire l'Humanité, il me fallait la rendre plus puissante, il me fallait encore plus d'Ombres partageant les mêmes pensées. C'est pour cela que j'ai sacrifié des personnes que l'opinion publique jugeait responsable de diverses catastrophes écologiques : Leur mort inexpliquée confortait les gens dans l'idée que ces pollueurs méritaient d'être punis, et qu'une volonté divine était à l’œuvre ! Tout en leur rappelant qu'eux-même avaient leur part de responsabilité dans l'histoire en n'ayant rien fait pour les empêcher de nuire plus tôt, et qu'il est désormais trop tard pour sauver la planète : C'est ce désir de voir les responsables punis, couplé à un sentiment de culpabilité et de désespoir en l'avenir, qui ont donné des forces à la Déesse ! »

Le vrai Alain refuse d'accepter la vérité : « Ce n'est pas possible, tu mens ! »
À ces mots, une aura sombre se forme autour de son double ; alors que ce dernier est en train de se transformer en assimilant toutes les Ombres du donjon (y compris le groupe de Māyās qui s'était formé le long de l'escalier final et avait suivi mes camarades jusqu'à cette salle), il prononce encore quelques mots : « Il est déjà trop tard : La puissance de Tellus est désormais digne de celle d'une Déesse. Et quand elle se réveillera, elle exaucera le vœu de toutes les personnes qui souhaitent sauver la planète en éradiquant l'Humanité et en redonnant ses droits à la végétation. D'ici deux Pleines Lunes, le Monde Réel et le Monde des Ombres ne feront qu'un ! » 

La transformation est terminée : L'Ombre ressemble maintenant à une version géante du Chevalier Noir, la Persona d'Alain ; tout comme le Romain, elle porte une couronne de lauriers ; des ronces sont enroulées le long de son corps ; et le visage de la créature est recouvert par le masque du Jugement (ce dernier ressemble à un masque à gaz dont les yeux ont la forme d'ailes).
Le vrai Alain s'est évanoui.
« Je suis une Ombre... Le vrai Moi... L'heure du Jugement de l'Humanité est proche : Vous avez fait suffisamment souffrir la planète comme ça ! Vous avez provoqué l'extinction d'innombrables espèces végétales et animales. Vous êtes un véritable cancer pour la planète, vous méritez de mourir pour que cette dernière soit sauvée ! »

Au cours du combat, l'Ombre déploie les ronces qui recouvrent son corps afin d'entraver mes alliés. Heureusement ces derniers réussissent à les trancher avant qu'elles ne deviennent une menace, et au terme d'un combat acharné ils parviennent à terrasser leur adversaire, qui reprend alors sa forme d'origine.

L'Ombre se tient immobile devant Alain, qui reprend connaissance. Il baisse la tête et serre les poings.
« Je comprends maintenant... En fait tout est de ma faute. Je savais qu'en apportant des bouquets de roses noires aux personnes que me désignait Saturnus je pouvais contribuer à leur mort ; je l'ai compris le jour où on a retrouvé le cadavre de Monique Santos sur la place du Capitole. Mais je me disais que cette mort était un châtiment divin amplement mérité, et que je n'en étais pas directement responsable : Je ne faisais que livrer des fleurs, c'est tout ! Et puis la plupart des cibles désignées par Saturnus ont survécu à son Jugement, donc je me rassurais en me disant que le fait de livrer ces roses ne représentait pas forcément une condamnation à mort. 
Oui, c'est ce que je n'ai pas arrêté de me répéter : Ce n'est pas moi qui tue ces gens, mais un Dieu, un être supérieur qui a estimé que leurs crimes envers la planète méritaient la mort ! 
Mais en fait ce Dieu n'en est pas un ; ce Dieu... c'est Moi ! 
C'est moi qui ai tué ces gens ! Et j'aurais probablement causé de nombreuses autres morts si vous n'étiez pas intervenus ! 
Je sais maintenant que vous disiez vrai : Saturnus n'a épargné personne, si certaines de mes victimes ont survécu c'est parce que vous les avez libérées. 
...
Qu'est-ce que j'ai fait ?! Qu'est-ce que j'ai fait ?!?! 
Je me suis trompé, tout est de ma faute. 
Je suis désolé... » 

Une aura bleutée se forme autour d'Alain, et nous voyons sa Persona Chevalier Noir changer d'apparence.
« Lancelot ? »
A peine a-t-il prononcé le nom de sa nouvelle Persona qu'Alain perd à nouveau connaissance.
Nous décidons de rentrer, et de ramener Alain avec nous ; Adonis et Jean-Michel le portent jusqu'au mur de lumière du parking souterrain.
Une fois de retour dans le métro, le jeune homme s'écroule (son état actuel se synchronise avec l'état dans lequel il était au moment de franchir le mur). Nous nous précipitons vers lui et rassurons les autres passagers de la rame en leur disant qu'on le connaît et qu'il vient juste de faire un malaise sans gravité ; il revient à lui peu après.

Après être tous descendus à la station Capitole, Alain nous présente à nouveau ses excuses et annonce qu'il doit récupérer les nombreux bouquets piégés qu'il a remis quelques jours plus tôt à diverses personnes que lui avait désignées Saturnus : Si on ne l'avait pas arrêté à temps, il y aurait eu une série massive d'enlèvements à la prochaine Nouvelle Lune !
Julia lui conseille de brûler les bouquets en question une fois qu'il les aura récupérés.

Nous laissons donc Alain partir de son côté ; alors qu'il s'éloigne, nous repensons aux révélations de Saturnus : Une Ombre à la puissance considérable menace de détruire l'humanité quand elle se réveillera dans quelques semaines !

Nous sommes les seuls à pouvoir empêcher ça ! 

Au moment où cette pensée nous traverse l'esprit, un flash de lumière blanche éclate, accompagné d'un bruit de verre brisé ; le temps se fige, et une carte de Tarot apparaît devant nos yeux :
« Je suis Toi... et Tu es Moi... Je t'accorderai ma bénédiction à chaque fois que tu choisiras de créer une Persona de l'Arcane du Jugement... » 

Nous venons de créer un nouveau Lien Social : Un Lien qui symbolise la détermination de notre groupe à vouloir sauver le Monde.


samedi 6 juin 2015

L'histoire d'Alain

« Pourquoi m'avez-vous suivi jusqu'ici ? Qu'est-ce que vous me voulez ? »
« On aimerait bien savoir ce que tu es venu faire dans le Monde des Ombres ; et puis d'abord, pourquoi est-ce que tu m'as caché que tu partais en vacances alors que tu étais censé me montrer le masque lundi ? »
« C'est justement parce que tu t'intéresses d'un peu trop près à ce masque que j'ai décidé d'en informer le Maître. C'est pour ça que je suis venu ici, Adonis. »
« Quel Maître ? » demande Julia.
« Le Dieu que j'ai rencontré dans ce monde : Saturnus, fils et émissaire de Tellus. »

Tellus ?! C'est le nom supposé de la déesse représentée sur la fresque qu'Alain a justement restaurée !

Notre amie poursuit : « Pourquoi as-tu retiré le masque de l'exposition ? Il était en très bon état, tu ne vas pas nous faire croire que c'était pour le restaurer ! »
« Le Maître m'a appris que c'est ce masque qui m'a donné le pouvoir d'invoquer ma Persona, et qu'en tant qu'Élu j'étais destiné à me trouver un jour en sa présence. Mais peu après l'inauguration de l'exposition, le Maître m'a demandé de mettre le masque en lieu sûr afin d'éviter que des ennemis de la Déesse n'obtiennent eux aussi le pouvoir des Personas et s'en servent pour contrecarrer nos plans. »

N'étant pas présent physiquement, je demande par télépathie à Jean-Michel de poser à ma place une question à Alain : « Comment t'es tu retrouvé dans ce monde ? »
« C'est arrivé l'été dernier. J'étais en pleine préparation de l'exposition, et je finissais souvent très tard. Un soir, vers minuit, alors que je rentrais en métro, je me suis retrouvé dans ce Monde. Son apparence était alors bien différente, il ressemblait beaucoup plus au Toulouse tel que nous le connaissons. Alors que j'explorais cette ville déserte, je me suis fait attaquer par des Ombres et j'ai éveillé le pouvoir de ma Persona. Grâce à elle, j'ai pu triompher des mes ennemis. Et juste après ce combat, j'ai rencontré le Maître. Il m'a appris que cet affrontement était en réalité une épreuve, et qu'en la remportant je m'étais montré digne de servir la divine volonté de Tellus, la Déesse-Mère. Quand je lui ai dit que Tellus était justement représentée sur la fresque que je venais de restaurer, il m'a répondu que ce n'était pas un hasard : Je suis l'Élu, et j'étais destiné à entrer au service de la Déesse !
Il m'a alors appris que cette dernière avait été affaiblie à cause des outrages que les hommes font constamment subir à la planète, mais que grâce à mon aide elle regagnerait bientôt toutes ses forces et qu'elle régnerait alors sur le monde. Maintenant que l'Élu était à leurs côtés, ils étaient enfin en mesure de sauver la planète de la destruction : Le Maître a alors levé le bras, et la végétation a envahi d'un coup cet autre monde ! Et bientôt, le monde réel connaîtra le même sort ! »

Adonis est surpris par ces révélations : « Mais alors, tu es un "gentil" ? Tu cherches juste à sauver la planète ? »
Alain sourit, ravi de voir que quelqu'un comprend ses motivations : « Le Maître ne punit que les personnes responsables de la destruction de la planète : Ceux qui sont capables de vivre en harmonie avec les autres espèces animales et végétales seront épargnés. »
« Il ne va pas y avoir beaucoup de survivants dans ce cas... Je retire ce que je viens de dire, tu n'es pas un "gentil", mais un assassin de masse !!! »
Alain cesse immédiatement de sourire : « J'ai bien compris que vous étiez les ennemis du Maître, c'est pour empêcher que d'autres personnes ne rejoignent votre groupe qu'il m'a demandé de cacher le Masque ! En tant qu'Élu, il est de mon devoir de vous arrêter. Viens à moi, CHEVALIER NOIR !!! »
Le son caractéristique d'une invocation de Persona retentit, et une créature vêtue d'une armure sombre émerge du tourbillon de lumière bleutée qui vient de se former autour d'Alain.
La Persona d'Alain se précipite vers mes camarades et tente de les faucher tous les trois avec son épée ; heureusement ils parviennent tous à esquiver l'attaque.
Grâce à Osiris, je remarque quelque chose d'inhabituel sur l'arme du Chevalier Noir : « Faites attention, la lame de son épée est empoisonnée ! »
Mais ce n'est pas le seul coup sournois dont est capable notre adversaire : Aussitôt après avoir envoyé sa Persona à l'assaut, Alain utilise la magie des Ténèbres "Mudoon", une attaque qui aurait bien pu terrasser Adonis d'un seul coup si ce dernier n'avait pas eu sur lui un homoncule (un artefact ressemblant à un humain miniature, qui se sacrifie à la place de son propriétaire quand ce dernier est la cible d'un sortilège de mort subite) !
Alain ne s'attendait pas à ce que son sortilège échoue, et c'est ce court moment de surprise qui permet à Julia et Jean-Michel de contre-attaquer, rapidement rejoints par Adonis : Il ne leur faut pas longtemps pour mettre leur adversaire à terre.

Alain réalise qu'il est trop épuisé pour invoquer à nouveau sa Persona : « Ce n'est pas possible ! Je ne peux pas perdre : Je suis l'Élu ! »

Nous profitons du fait qu'il ne soit plus en état de se battre pour poursuivre notre interrogatoire : Il y a encore des détails dans cette histoire qui nous échappent.
Déjà, pour commencer, il faut s'assurer que c'est bien lui qui a envoyé les roses noires aux victimes : Je demande une nouvelle fois à Jean-Michel de poser la question pour moi.
« Oui, c'est moi qui ai envoyé les roses noires, car tels étaient les ordres du Maître. Ces roses sont la marque du jugement divin. »
« Comment ça ? Quel jugement ? »
« Toutes les personnes qui sont reconnues coupables de crimes envers la planète reçoivent le châtiment qu'elles méritent : Le Maître a estimé que l'empoisonneuse Monique Santos méritait de mourir, mais a épargné Marc Donnadieu quand ce dernier a été reconnu innocent. Keewy a eu droit à une seconde chance et semble désormais agir en faveur de la défense de la planète. Vous voyez bien : Le Maître est juste, il punit les coupables et épargne les innocents. »
« Et Ethan Gils ? »
« Les rumeurs concernant les expériences interdites de son entreprise étaient fausses, c'est pour cela qu'il a été épargné. » 
« Et la punkette qui a été retrouvée morte en début d'année ? » 
« La jeune SDF s'est montrée méfiante quand je lui ai offert le bouquet de fleurs, mais l'a quand même accepté. Elle n'avait aucun respect pour la planète et jetait ses détritus n'importe où, c'est pour cela que le Maître l'a fait périr par le froid. » 
« Tu dis que ton "Maître" a épargné les "innocents"... Mais en fait, c'est nous qui les avons sauvés ! Sans nous, ils auraient été retrouvés morts eux aussi à la Pleine Lune suivante ! » 
« N'importe quoi ! Vous mentez ! Vous n'êtes que de simples mortels, vous ne pouvez pas aller à l'encontre d'un jugement divin. Si ces personnes ont survécu, c'est uniquement parce que telle était la volonté du Maître. »
C'est alors que nous entendons tous des bruits de pas en provenance du couloir qui relie la salle centrale à la dernière pièce du donjon. Je comprends immédiatement de qui il s'agit.
Ce n'est pas possible ! Encore ?! Je ne l'ai pas senti venir, c'est comme s'il venait de surgir de nulle part !

Les bruits de pas se rapprochent, et le Romain finit par pénétrer dans la salle centrale. En le voyant arriver, Alain retrouve aussitôt le sourire et prononce le nom de son maître dans un soupir de soulagement : « Seigneur Saturnus ! »